" Le film prend son envol lorsqu’il se concentre sur l’avancée professionnelle et florissante du personnage d’Alice, à travers une narration très elliptique dont le seul repère est des gros plans à répétition d’Alice dans le bus lors de ses aller-retours réguliers à Bayeux. Les années filent sans laisser de trace et Alice pousse, fleurit, non sans peine (la fleur est un motif qui l’accompagne tout du long, peut-être un peu naïvement mais joliment). Elle passe de la laine, matière brute et un peu grossière qu’elle détricote à souhait dans sa baignoire à Bayeux, à la broderie, travail d’ornementation délicat et infiniment précis qu’elle découvre dans la prestigieuse et élitiste école parisienne qu’elle fréquente. Au gré de sa pratique, elle passe du motif ennuyeux de la belle rose rouge à la figure nettement plus complexe du pavot, belle plante herbacée aux multiples symboles (parfois symbole de la mort, ses graines ont des propriétés gustatives et sa capsule a des propriétés sédatives), de son éclosion à son flétrissement, métaphore de sa relation amoureuse qui s’étiole.
Pareille à Pénélope qui tisse et défait sa tapisserie dans l’attente du retour d’Ulysse ou à Mathilde de Bayeux (elle n’est pourtant pas l’auteur de la tapisserie de Bayeux relatant les exploits de son mari, Guillaume le Conquérant, comme le voudrait la légende mais Lopes-Curval fait d’elle un beau « leitmotiv » symbolique, floral et olfactif), Alice, dont les pensées sont remplies par Antoine, brode avec ferveur dans une série de gros plans qui capturent sa détresse et sa résignation dans l’attente de son amant (Bastien Bouillon parvient à apporter de l’humanité à ce rôle peu aimable). Ana Girardot, dont le jeu s’affine tout au long du film (...), capture avec grâce le passage de l’adolescente craintive et peu sûre d’elle à la femme toujours fragile mais épanouie et mûre. Beau personnage que celui-ci dont on capte les subtilités, de la douceur à la rage, de la graine à la plante et qui soutient un film inégal mais tendre."
Eva Markovits
13802967 au sujet de
Le Beau Monde
Beau sujet, beaucoup de sensibilité dans ce film, mais pas de décollage fracassant. Pas mal, quoi, sans plus. La Dentellière est bien plus fort.
Convertible au sujet de
Le Beau Monde