" Les flingues ont été remballés, fini la tuerie, place à la romance. C'est a priori un tournant pour James Gray, qui s'est imposé comme l'un des auteurs américains de référence grâce à trois polars, Little Odessa, The Yards, La nuit nous appartient. Trois histoires tragiques non dénuées de sentiments, mais qui s'inscrivaient dans un genre bien précis. Cette fois, Gray aborde de front le mélodrame. Un amour de raison et une passion déraisonnable, voilà ce qui attend Leonard (Joaquin Phoenix), (...) Pour ce fils prodigue traumatisé par un échec sentimental, père et mère sont aux petits soins. Voilà donc de nouveau la famille, thème obsessionnel dans l'oeuvre de Gray : la famille comme cocon et comme tombeau. La maison des Kraditor respire la tradition (juive d'Europe centrale), la chaleur, le confort ; c'est aussi pour Leonard un piège infernal. (...)
Cela faisait longtemps que l'amour n'avait pas été filmé avec une telle intensité dramatique, sans romantisme, sinon celui, aveugle et crépusculaire, qui frappe Leonard. Pathétique, terme qui, rappelons-le, signifie « relatif à la passion », le film l'est et l'assume pleinement. A l'image de cette séquence d'anthologie dans une discothèque (après celle de La nuit nous appartient !) où Leonard, dans un regain d'énergie monstrueuse, se lâche et « breake » sur une piste de danse, en mesurant plus ou moins bien sa force. L'immaturité et l'exaltation, voilà ce que Michelle réveille en Leonard.
Tandis que la blonde, au passé trouble, est associée au vertige et à l'altitude, la brune apporte stabilité et protection - en guise de cadeau, elle offre à Leonard des gants noirs. Les deux scènes d'amour décisives orchestrent cette symbolique avec soin et détails. Sensuelle et pleine de tendresse est la séquence avec Sandra, dans le nid douillet de la chambre. Celle avec Michelle, sur le toit et dans un froid glacial, a le caractère à la fois irréel et pénétrant de ces instants supérieurs de vie.(...) Two Lovers, film de larmes, de frissons et de sang (celui d'une fausse-couche), est une histoire d'amour qui ressemble à s'y méprendre à un polar. "
Jacques Morice
18263335 au sujet de
Two Lovers
Vraiment superbe.
Convertible au sujet de
Two Lovers
Le meilleur film du plus grand cinéaste américain contemporain !
Guivarch au sujet de
Two Lovers